Les trois confédérations syndicales, à savoir le National Trade Union Council, le Mauritius Labour Congress et le Mauritius Labour Congress (NTUC-MLC-MTUC) ont boycotté la présentation du Budget au Parlement, se réunissant au siège de l'OUA pour suivre celui-ci. Dans un point de presse, le front qualifie cet exercice de paroles d'intention, et parle de déception, de destruction de l'emploi… entre autres. Pour sa part, le président de la State Employees Federation (SEF), Radhakrishna Sadien déplore que la compensation salariale soit maintenue à 5,1% (voir hors-texte).
" Ce budget se présente comme un grand manifeste, une série de paroles d'intention… Ce budget qui aurait dû être un plan d'action est caractérisé par beaucoup de littérature, mettant l'accent sur l'Economic Empowerment Foundation. M. Sithanen pourra-t-il porter seul ce fardeau, surtout en cette période de crise ? ",se demande le président du NTUC, Toolsyraj Benydin. Il estime que le ministre des Finances a tendance à transférer ce fardeau aux Ong. " Ces Ong ont-elles les ressources financières nécessaires pour accomplir tout le travail. Tout laisse croire qu'il y a beaucoup de formalités et autres procédures administratives ", dit-il.
Faisant état de la lourdeur administrative dans la fonction publique et les corps para-étatiques, M. Benydin s'interroge sur l'existence des " commissions indépendantes " et le manque de cohérence.
S'agissant des mesures pour la sauvegarde de l'emploi, Toolsyraj Benydin déplore que davantage d'accent est mis sur l'Additional Stimulus Package (ASP), tout en faisant abstraction des conditions de decent work pour le salarié.
Sur l'annonce de réduction des salaires ministériels par Rs 10 000, il déclare que " ape fer zest ar nou kan pe diminye saler minis par Rs 10 000, alor ki travayer ki pe touss Rs 12 000 na pa gagn ogmentasion ", dénonce M. Benydin. Il estime à 100 000 salariés le nombre de ceux exlus par la compensation salariale cette année.
Pour ce qui est des mesures annoncées pour décongestionner les routes, le président du NTUC parle de paradoxe. " D'une part, le ministre veut créer une Road Development Company (RDC), cela alors que nous avons déjà la Road Development Authority (RDA) et la Land Transport Authority (LTA). De l'autre, il veut réduire les dépenses. La mise en place d'une RDC coûtera de l'argent. Pourquoi ne pas renforcer la RDA ? La LTA suffit pour coordonner le tout ", soutient M. Benydin, avant de qualifier les mesures budgétaires de " décevantes. "
"Attrape-nigaud"
Le président du MLC, Cassam Kurreeman adopte la même argumentation et qualifie ce Budget de " décevant ". " Le slogan de Putting People First revient,cette fois-ci en vue de sauver l'emploi. Après quatre ans, on nous rebat les oreilles avec le même discours. Compte tenu de la crise, quels sont les garde-fous ? Que compte-t-il établir pour contrôler l'argent du Additional Stimulus Package mis à la disposition du secteur privé ? Le ministre Sithanen parle de la préservation de l'emploi ; les représentants des employés sont-ils impliqués dans un éventuel mécanisme de contrôle ? ",s'interroge M. Kurreeman. Il maintient que le mouvement syndical dispose du droit de savoir comment assurer la gestion des Rs 10,4 milliards en termes d'ASP, destiné au secteur privé." Il ne fait aucun doute que certains employeurs se serviront de l'ASP pour s'enrichir davantage ", soutient-il.
D'autre part, le président du MLC met en avant que les salariés continueront à subir les effets de la TVA, qui rapporte des milliards à l'Etat. Après avoir abordé la question du Personal Relief Tax (PRT), notre interlocuteur a qualifié " d'attrape-nigaud " la réduction des salaires des ministres de Rs 10 000. Dans ce contexte, Cassam Kurreeman estime que ce sont les fringe benefits qui doivent faire l'objet d'une réduction.
Quant à Rajesh Buldee, président du MTUC, il indique que le Budget est un " outil " entre les mains du gouvernement. " Li finn ase fer nou ser sintir. Li finn ase ramas kas. O depar, nou "dû" ti fixe a Rs 275, dan 2e bidze li ti Rs 400 […] Dan 4e bidze, li finn pran rapor NPC pou mintenir konpansasyon saler a 5,1%. Or ti bizin pran li lor to dinflasion ki 7%. "
Par ailleurs, M. Buldee se demande si un employé peut subvenir à ses besoins en obtenant un salaire de Rs 3 800. " Le fait que Sithanen refuse de rencontrer des syndicats n'est-il pas une manière de montrer son mode opératoire envers des partenaires sociaux ? ", se demande-t-il. L'envoi des mémoires au ministre des Finances avant la présentation de chaque Budget est " une perte de temps vu qu'ils ne sont pas pris en considération ", estime notre interlocuteur. Il poursuit : " La NRPT constitue un coup de massue. Compte tenu de la crise, si le gouvernement voulait vraiment alléger le fardeau des familles, il aurait dû réduire à 50% certains frais d'examens. "
"Ce budget met l'accent sur des infrastructures routières. Il est établi que l'une des recommandations de la Banque Mondiale porte sur l'investissement sur des infrastructures pour relancer le développement", affirme le président de la SEF, Radhakrishna Sadien. "L'accent est également mis sur l'Additional Stimulus Package (ASP), par le biais duquel des facilités additionnelles sont mises à la disposition du secteur privé. Comme quoi, la part belle est accordée au patronat", ajoute-t-il. Selon lui, le mouvement syndical n'aurait pas les moyens pour s'assurer que l'ASP allait être utilisé à bon escient. "Oussi, nou pena moyens pou controle si travayer na pa pe paye les pots cassés",dit-il.
Par conséquent, le président de la SEF déplore que la compensation salariale pour 2009 a été maintenue à 5,1%. "Inadmissible que le secteur privé a eu droit à l'ASP et que les salariés n'ont rien eu. Inconcevable qu'aucune mesure de décentralisation des services n'a été annoncée", déplore M. Sadien. Toutefois, il loue la décision du ministre des Finances d'envoyer des ambassadeurs représenter le gouvernement lors des missions à l'étranger, ainsi que l'éventualité de fermer deux ou trois ambassades. "En revanche, il faut que ces décisions ne soient pas une mascarade, mais doivent être traduites dans les faits", déclare le président de la SEF.
Par ailleurs, M. Sadien rejette l'annonce faite à l'effet
que certains postes dans la Fonction publique n'allaient pas être
gélés. "Je suis en présence d'une
lettre circulaire, émanant des Finances, mentionnant le
gel de certains postes. De même, l'Estimates Committee a
adressé ce message aux différents ministères", soutient M. Sadien.
Source: Le Mauricien