Lors de sa deuxième réunion, hier après-midi, le National Pay Council (NPC) a recommandé un taux de compensation salariale de 5,1 % à tous ceux touchant un salaire allant jusqu'à Rs 3 800. C'est ce qu'a annoncé le président du NPC, Krish Ponusamy, lors d'un point de presse à l'issue de cette réunion, marquée par l'absence des représentants des employés. Une compensation de Rs 200 est préconisée à ceux touchant entre Rs 3 800 et Rs 12 000, et aucune à ceux touchant plus de Rs 12 000, vu " la situation de crise économique difficile ".
71 % de la Labour Force du pays, devait préciser Krish Ponusamy, hier, touchera une compensation. Soulignons que le président de la Mauritius Employers' Federation (MEF), Anwar Joonas, était absent à cette deuxième réunion, qui a débuté peu après 15 h. Pour sa part, le vice-président de la MEF, François de Grivel, a quitté la réunion à 16 h 10. Sollicité pour une déclaration, il a simplement affirmé que " la décision finale sera prise à l'intérieur de la salle ".
Krish Ponusamy affirme que la formule pour calculer le taux de compensation salariale de 2009 est identique à celle mise en application en 2007, " en dépit de la conjoncture économique actuelle ". Le NPC, dit-il, a jugé nécessaire de prendre en ligne de compte le taux d'inflation, établi à 7 % cette année, et la moyenne du taux de productivité cette année, située à 1,6 %.
" Le taux de productivité était de 3,7 % en 2008, et la moyenne cette année est fixée à 1,6 %. En prenant en considération le taux d'inflation, la capacité de payer et le taux de l'emploi, on obtient un chiffre. 50 % du taux d'inflation de 7 % cette année plus 1,6 % du taux de productivité, cela donne 5,1 % ". M. Ponusamy souligne que les membres du NPC ont décidé d'octroyer un taux de compensation salariale de 5,1 %, bien que des secteurs éprouvent des difficultés.
Rappelant que l'an dernier la première catégorie de salaires avait été augmentée à Rs 3 500, contre Rs 3 000 auparavant, le président du NPC déclare qu'elle a été rehaussée à Rs 3 800 pour que plus de personnes bénéficient des 5,1 % de compensation.
Une compensation de Rs 200 est préconisée à ceux touchant entre Rs 3 800 et Rs 12 000 par mois, et aucune à ceux touchant plus de Rs 12 000. " Cela est dû à la situation de crise économique difficile. En revanche, le conseil a décidé de renouveler son appel aux entreprises qui ont la capacité de payer de bien vouloir le faire. Pour celles qui seraient dans l'incapacité de le faire, le gouvernement mettra en place un mécanisme afin que les employés puissent avoir leur dû ",indique-t-il.
Laissant entendre que c'est la dernière réunion du NPC pour cette année, tout en regrettant l'absence des représentants des employés, Krish Ponusamy affirme qu'un rapport sur les propositions du NPC est en voie de préparation et sera expédié au gouvernement demain. " Toute éventuelle réunion du NPC dépendra de l'évolution des choses. Le gouvernement aura le dernier mot ".
Rappelons que comme convenu, les cinq représentants des employés, en l'occurrence Toolsyraj Benydin, Radhakrishna Sadien, Reeaz Chuttoo, Lall Dewnath et Cassam Kureeman, ont boycotté les deux réunions du NPC, la semaine dernière et hier, au siège du NRB, à Creshent House. Seuls les représentants des organisations des employeurs et ceux du gouvernement étaient présents et ont accepté de délibérer.
Benydin (NTUC) : " Révoltant ! C'est du jamais vu "
" Révoltant ! C'est du jamais vu. C'est un coup de massue sur la tête des salariés de ce pays ",nous a déclaré le président du National Trade Union Council (NTUC), Toolsyraj Benydin, après avoir pris connaissance de la proposition du NPC concernant la compensation salariale.
Pour M. Benydin, le NPC n'est qu'une " véritable farce ", dans la mesure où les hauts fonctionnaires de l'État et les cadres du secteur privé qui siègent au NPC " considèrent ceux qui touchent des salaires de plus de Rs 12 000 comme étant riches ". " De ce fait, ils ne font que provoquer les salariés. Nous voyons, aujourd'hui, leurs vrais visages. Il y a une complicité gouvernement/secteur privé, afin de leur permettre de garder leurs profits et de nuire au pouvoir d'achat des employés. Même le semblant de compensation de 5,1 % est une farce. Il fallait donner une full compensation de 7 %, basée sur le taux d'inflation ", déclare M. Benydin. Il soutient que le mouvement a eu raison de ne pas siéger au NPC. " Sinon, nous serions devenus des complices de leurs manœuvres. Il est inadmissible qu'ils aient exclu une très grande frange des employés (90 %), tant du secteur public que du secteur privé. C'est une compensation salariale de la honte et de la misère ".
Reeaz Chuttoo (CTSP) : " Une énorme hypocrisie "
Pour le président de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP), Reeaz Chuttoo, la proposition de compensation salariale de 5,1 % est " une énorme hypocrisie ". " Le gouvernement dit qu'il protège ceux au bas de l'échelle, mais en même temps, il écrase ceux qui touchent des salaires de plus de Rs 12 000. Nous ne considérons pas ceux touchant plus de Rs 12 000 comme des capitalistes ", soutient M. Chuttoo." Ce n'est pas une grande surprise, dans la mesure où on a prouvé qu'il y a connivence entre le gouvernement et le secteur privé. Le taux de compensation reflète la volonté du gouvernement sous l'agenda du patronat. Il est anormal que ceux touchant des salaires de plus de Rs 12 000 soient exclus ". Avec la formule de compensation salariale proposée par le NPC, le gouvernement sort gagnant, estime Reeaz Chuttoo. " Il paiera moins de compensation. Et le ministre des Finances, Rama Sithanen, viendra jouer la carte du deuxième budget prévu en décembre prochain. Il tentera d'apaiser les tensions dans le pays. Ce qu'on nous a volé en juin nous sera restitué en décembre ". Selon M. Chuttoo, " une mobilisation des salariés est à l'ordre du jour ".
Radhakrishna Sadien (SEF) : " Compensation décevante "
Le président de la State Employees Federation (SEF), Radhakrishna Sadien, qualifie la proposition de compensation salariale de " décevante mais pas choquante ". " C'est un fait que le patronat et le gouvernement ont préparé l'opinion pour l'octroi d'une compensation minimale. Ils voulaient nous avoir à la même table qu'eux pour cautionner leur démarche. La réunion était une mise en scène ", soutient M. Sadien. Rappelant que la réunion d'hier était prévue à 11 h mais a été repoussée à 15 h, il affirme : " Fodre kone kifer finn ranvoy sa reunion-la a 15 h. Li kler ki propozision NPC li pa propozision prezidan-la. Lane dernier ousi ti parey : le président du NPC avait dit que les instructions viennent d'ailleurs. " Soulignant que la masse des salariés passe par des moments difficiles, avec l'érosion de leur pouvoir d'achat, le président de la SEF estime : " Les salariés, qu'ils soient petits ou grands, souffriront davantage. Même avec l'octroi d'une full compensation de 5,1 %, les petits salariés seront écorchés. C'est un fait que ce sont le gouvernement et le secteur privé qui décident dans ce pays ".
Source: Le Mauricien