Indiren Carpanen et Raj Rughoonath reprendront leur emploi ce vendredi
Ashok Subron (CGS-Solidarité) : " La question de privatisation de MT doit figurer à nouveau à l'agenda "
Les deux syndicalistes licenciés de Mauritius Telecom, en l'occurrence Indiren Carpanen et Raj Rughoonath, reprendront leur emploi à partir du 8 courant. L'annonce a été faite par le Comité de soutien lors d'une conférence de presse, hier après-midi, en présence des deux syndicalistes concernés et des représentants de l'ensemble de la classe syndicale à Maurice. Au chapitre des résolutions du 1er-Mai, Jack Bizlall, un des porte-parole du Comité de soutien, affirme qu'une décision a été prise pour que le relais soit passé au Forum du Peuple s'agissant des critiques contre MT, France Telecom et Orange.
" Dife-la bien alime. Li pankor teigne. Na pa met diluil lor li ", plaide Jack Bizlall auprès de toutes les parties concernées quant au sort des deux syndicalistes (licenciés le 29 août 2008) appelés à reprendre leur emploi ce vendredi. Cela fait suite à une nouvelle décision du board de MT, entériné le 30 avril dernier. M. Bizlall annonce que MM. Carpanen et Rughoonath ont consenti à signer l'accord que cette compagnie a proposé. D'autre part, il indique qu'un rapport, qui portera la signature du Comité de soutien, sera soumis au Forum du Peuple qui se réunira, pour sa part, le 18 mai.
En revanche, se référant à deux documents (lettre et projet de l'accord) - adressés à MM. Carpanen et Rughoonath -, M. Bizlall met en avant que la proposition de MT comprend quatre particularités comme suit : 1) le projet d'accord a été élaboré sous la section 2044 du Code Civil ; 2) ils ne blessent pas les deux syndicalistes dans leur dignité ; 3) les principes de réintégration sont appliqués et 4) aucune interdiction n'est imposée pour critiquer MT, " si celles-ci sont faites de bonne foi ". Toutefois, sans vouloir les énumérer, le porte-parole du Comité de soutien fait état de quatre points qui nécessitent d'être considérés par les syndicats de ces deux employés ultérieurement. Et ce, en tenant compte des dispositions de l'Employment Relations Act et l'Employment Right Act aussi bien que du Procedural Agreement.
Abordant le document préparé à l'occasion du 1er-Mai, M. Bizlall fait remarquer que le comité de soutien a pris en considération les résolutions votées à Beau-Bassin. Mention est faite d'une résolution à l'effet que " Carpanen et Rughoonath soient réintégrés dans leur emploi à Mauritius Telecom, et qu'ils ne soient soumis à aucune sanction… "
Jack Bizlall maintient que le gouvernement a une responsabilité dans la gestion de MT. " Le nombre de représentants du gouvernement réduit volontairement constitue une entrave à sa propre Constitution. Pour ce qui est du ex-gratia payment destiné à nos deux amis syndicalistes, l'on note un manque à gagner de Rs 70 000 dans le cas d'Indiren Carpanen et de Rs 33 000 pour Raj Rughoonath. Cela doit être corrigé. Nous ne pouvons pas céder là-dessus ", soutient M. Bizlall.
S'adressant à la presse, Indiren Carpanen déclare que son collègue Raj Rughoonath et lui remettront leurs lettres respectives de réintégration à MT ce jeudi à midi. Il remercie les centrales syndicales, les différents courants de pensée et partis politiques, la presse, qui leur ont accordé du soutien au cours de ces huit mois de combat " pour sauvegarder le patrimoine national. " Et de poursuivre : " Cela a été salutaire pour le pays. Que cela ne se reproduise jamais dans un autre secteur. "
Pour sa part, Raj Rughoonath affirme que le flambeau du Comité de soutien reste toujours allumé. " Ce qui nous est arrivé aidera les salariés de ce pays à regagner confiance en leurs syndicats. C'est ce qui découle de notre réintégration. Il est bon de noter qu'après 20 ans, les centrales syndicales se sont mises à la même table pour défendre une cause ", fait-il remarquer par ailleurs.
De son côté, le représentant du CSG-Solidarité, Ashok Subron souligne que ce combat n'aurait pas été possible sans la détermination de MM. Carpanen et Rughoonath. Attribuant la victoire à ces deux syndicalistes, M. Subron avance que la question de privatisation de MT doit figurer à nouveau à l'agenda. " Tant dans l'opposition que le gouvernement, il faut se demander si la décision de privatiser MT était bonne ou pas. Maurice a-t-elle bénéficié de cette privatisation ? La question d'une éventuelle reprise de MT doit figurer à l'agenda ", fait-il entendre.
Le conseiller légal, Dev Ramano, le président du
NTUC, Toolsyraj Benydin, le président du MLC, Cassam Kurreeman,
la représentante de la CTSP, Jane Ragoo se sont également
adressés à la presse dans le cadre de la réintégration
des deux syndicalistes.